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Carlos Salem : Je reste roi d'Espagne (Actes Noirs)
Après “Aller simple” et “Nager sans se mouiller”, ses deux précédents romans disponibles chez Babel Noir, voici le troisième titre de Carlos Salem “Je reste roi d’Espagne” (Actes Noirs).
À Madrid, José Maria Arregui est un ancien policier âgé de 44 ans. Plusieurs fois, il a été décoré pour avoir mis sa vie en danger dans l’exercice de ses fonctions. Il a même sauvé le roi Juan Carlos, aux prises avec des malfaiteurs. Ce jour-là, il a aussi perdu la femme qu’il aimait, Claudia. Surnommé Txema, Arregui a quitté la police pour créer une agence de détective avec un associé, Máximo Legrand. Il dispose de nombreuses relations, voire de conseillers occultes. Tel Nemo, un ado spécialiste des réseaux informatiques, dont la mère est fort séduisante. Côté cœur, Txema entretient une relation virtuelle via Internet avec la belle Olivia. S’il se réfugie parfois dans des cabines de sex-shops, c’est pour y trouver la concentration nécessaire afin de réfléchir, de résoudre certaines affaires. Une de ses méthodes consiste à cogner sévèrement un fautif, en guise de leçon, avant de lui pardonner et de venir en aide à celui-ci, qui commettait une erreur.
Des clients comme Iñaki Zuruaga, Txema ne les apprécie pas du tout. Promoteur immobilier, il veut contraindre le détective à collaborer. Txema ne cache pas avoir la trouille de son homme de main, Terreur. Mais il ne capitulera pas si vite. Zuruaga devient une obsession pour Txema, car il pense l’avoir connu jadis, sous un autre nom peut-être. Le détective est sûr que Zuruaga n’est pas le chef, qu’il agit pour les intérêts d’un supérieur — aussi fantomatique soit-il. Txema finira par découvrir que celui-ci, très puissant, est appelé “le Chasseur”.
Le ministre de l’Intérieur contacte Txema, se montrant plutôt insistant. Les deux hommes se respectent, ayant des souvenirs en commun. Le ministre a une mission urgente à lui confier. Le roi Juan Carlos a disparu volontairement, laissant un message sans signification évidente. Les fêtes de Noël approchant, il faut absolument le retrouver avant. Fatigué, Txema préfère prendre quelques jours de vacances. Voyageant sans but précis, c’est au bord de la mer, à Estoril (Portugal), que le détective déniche le roi. Repérant un faux marin suspect, Txema s’aperçoit vite qu’ils sont pistés par les hommes de Zuruaga, dont le redoutable Terreur. Grimé, le duo arrive à Lisbonne. Le plus sage serait d’aller à l’ambassade d’Espagne. S’ils sont si aisément suivis, c’est à cause du ou des GPS placé(s) dans leur véhicule. Trouver l’appareil, ruser pour échapper à ceux qui les pourchassent, ça ne suffit pas. Txema appelle le ministre, mais le rendez-vous prévu pour mettre le roi en sécurité s’avère un piège monté par Zuruaga.
Grâce à leur rencontre avec Sosiris, un devin qui ne devine que le passé de ses clients, Txema et le roi vont poursuivre leur route, non sans troubles. Ils finissent par trouver la rivière qui leur donne le chemin de Madrid. Parvenus dans la capitale espagnole, la mission de Txema vis-à-vis du roi ne s’arrête pas là : “Il doit le protéger mais pas pour ce qu’il représente ni pour ce qu’ils ont partagé, simplement parce qu’il est son client et lui un détective.” Vrai, sans doute, pourtant ils vont tous deux vivre encore bien des tribulations avant que Juan Carlos ne soit à l’abri. Alors, la vengeance de Txema contre Zuruaga pourra s’accomplir…
Ce troisième roman de Carlos Salem est encore une belle réussite (ce résumé ne donnant qu’un faible aperçu de la fantaisie exprimée ici). Si ses histoires sont si délicieuses à lire, c’est clairement parce que cet auteur aime jouer. Avec sa propre imagination, d’abord. Quoi de plus excitant que d’alimenter les multiples péripéties en utilisant toutes bonnes les idées, y compris les plus farfelues, qu’elles soient délirantes ou mélancoliques, drôles ou plus graves. Le résultat de ce jeu, c’est une road-story débridée, une pétarade de rebondissements et de trouvailles sympathiques. Ce qui ne doit d’ailleurs pas masquer “l’écriture” de Carlos Salem, vive et précise, souvent inspirée.
Il s’amuse également avec des références polardeuses. Par exemple, le chat du devin se nomme Marlowe, et on nous glisse un hommage à Montalbano. Plus fort encore, l’écrivain hispano-mexicain Paco Ignacio Taibo apparaît dans son propre rôle, secondaire mais bien présent. À Madrid, le détective et le roi vont avoir besoin de l’aide de l’Argentin débrouillard Raúl Soldati et de son associé Octavio Rincón, qui furent les héros de “Aller simple”. Tout est jeu chez cet auteur, on le vérifie à chaque scène. Et c’est probablement cet enthousiasme ludique partagé avec ses lecteurs, qui fait qu’on adhère totalement aux romans de ce diable de Salem.
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