sábado, 15 de octubre de 2016

El ladrón/ Le voleur


El ladrón

No pasa un día
sin que me atraque la sospecha
de que algún ladrón
cabrón
le guinda del bolsillo a mi reloj
un par de horas.

No hay noche en que no despierte
de repente
para sorprender en pleno acto de rapiña
al artesano cruel
que le saca punta al minutero.

Duermo con un martillo bajo la almohada
o un libro de tapas duras 
y palabras incuestionables de doble filo.

Tengo conciencia atómica del sonido baboso
que producen al alejarse mis segundos
pero sólo logro adivinar con quién se van
cuando ya se han ido.

Me he reconciliado con mi sombra
al comprobar que la pobre se mueve
cada vez un poco menos
y se esconde asustada  entre mis pies
cuando llega el mediodía.

Dice mi doctora que es normal
y que me ve mucho mejor
cuando acudo atardecido a su consulta.

Pero alguien se está quedando con mi tiempo
para venderlo los domingos en el rastro
y lo peor es que sospecho
de mi complicidad en el asunto.

No pienso denunciar el robo
pronto se quedará sin nada que quitarme
pero me resulta insoportable
la certeza de que conozco al delincuente
casi tanto como a mi mismo.

Estoy considerando
seriamente
empezar a beber
otra vez

Le voleur

Il ne se passe pas un jour
sans que le doute m’assaille
qu’un escroc
salaud
dans ma poche dérobe à ma montre
quelques heures.

Il ne se passe pas de nuit
que je ne me réveille
pour prendre la main dans le sac
l’artisan cruel
qui manipule les aiguilles.

Je dors un marteau sous l’oreiller
ou un livre à lourde reliure
et d’incontestables mots à double tranchant.
J’ai une conscience atomique du son baveux
que font mes secondes en s’éloignant
mais je ne peux deviner avec qui elles s’en vont
que lorsqu’elles sont déjà parties.

Je me suis réconcilié avec mon ombre
en constatant que la pauvre bouge
chaque jour un peu moins
et se cache effrayée entre mes pieds
lorsqu’arrive midi.

Mon médecin dit que c’est normal
et qu’elle me trouve beaucoup mieux
lorsque j’arrive en retard à sa consultation
mais quelqu’un garde mon temps
pour le revendre le dimanche au marché aux puces
et le pire c’est que je soupçonne
ma complicité dans cette affaire.

Je ne pense pas porter plainte
il finira vite par ne plus rien avoir à me prendre
mais je trouve insupportable
la certitude que je connais le délinquant
presque comme moi-même.

Je me demande
sérieusement
si je ne vais pas
me remettre à boire.

No hay comentarios: